Du retour de Vancouver et de la critique sur télérama

Cher lecteurs, querido publico, dear audience.
Me voici à nouveau de retour en France, après cette fois un séjour de 12 jours à découvrir la ville de Vancouver, ses environs, et son festival latino, qui m'avait généreusement invité à présenter mon film. Je reviens chargée d'images colorées et émouvantes, suscitées autant par la nature spectaculaire de la ville et des montagnes qui la cernent, que par la rencontre avec un public canadien et latino avec qui nous avons pu faire une nouvelle fois un échange de ressentis, de vécus et d'expériences parfois douloureuses, mais profondes.
Je tiens à remercier les organisateurs du festivals qui se sont mis en quatre pour faire de ce séjour une expérience inoubliable, objectif largement atteint.
La première présentation du film a eu lieu à la cinémathèque Pacific, sur Howe St, le dimanche 17 septembre. Lors d'une session de questions réponses chargée d'émotion j'ai pu parler un peu plus de ce qu'avait signifié pour moi faire ce film, et comment cette longue démarche m'avait également transformée, dans mon propre questionnement en tant que femme, ayant à faire des choix, des luttes, et dans mon rapport à ma famille.
Le lundi suivant, un panel de discussion nous réunissait, Vivien Lesnik, réalisatrice du documentaire "l'homme des 2 Havanes", d'origine cubaine résident en Californie, Carmen Aguirre, auteur dramatique et de pièces de théâtre, d'origine chilienne résidant à Vancouver, pour une discussion sur le thème "Filles de l'exil et de la révolution". Cet échange, dont j'ai énormément apprécié à la démarche, très originale , nous a permis de comparer et discuter comment chacune d'entre nous avait été marquée par les combats puis l'exil de nos parents, leur récits (ou dans certain cas, l'absence de ces récits), comment ce vécu avait en quelque sorte influencé nos positions par rapport à notre démarche artistique, en particulier par rapport au message, à l'exigence de message de nos projets.
Vivien, grandissant à Miami, racontait ainsi son exil dans l'exil, étant fille d'un révolutionnaire ami de castro qui avait décidé de partir du pays en opposition à la soviétisation du régime cubain. Sa famille ne correspondait donc pas aux autres exilés cubains qui souhaitaient eux la mort pure et simple de Castro et le retour d'un régime tel qu'avait été celui de Batista. Carmen, fille d'exilés chilien, expliquait son apprentissage d'un militantisme social tourné vers les autres qui pendant un certain temps semblait incompatible avec sa vocation artistique, jugée au départ une attitude bourgeoise, par elle-même et par les autres. Je me suis retrouvée un peu dans ces propos d'ailleurs, dans le sens où moi-même, prenant finalement conscience de ce que je désire achever dans mon métier de réalisatrice, je ne peux tout simplement pas le considérer comme juste un autre métier, un autre travail, mais que je le prends avec un énorme sens de responsabilité, presque comme un sacerdoce, avec la mission définie d'apporter dans mes productions, quelles qu'elles soient, une prise de conscience du public face à une situation, un silence, une injustice.
Enfin, une deuxième projection improvisée de Secretos de Lucha, à l'Université Simon Fraser, sollicitée par les assistants au débat, a fait salle comble, à mon grand plaisir. C'était une joie en effet de voir que le public de cette projection là étaient constitué principalement de Canadiens, et seulement en minorité de latino américains, ceux-ci par ailleurs d'origines très diverses, cubains, mexicains, guatémaltèques, uruguayens également bien sûr.
Le reste du festival a également été remplis de merveilleux moments et m'a permis de rencontrer d'autres réalisateurs, boliviens, chiliens, mexicains, d'assister à un atelier de lumières avec la participation de Guillermo Navarro, oscar de la photographie pour le labyrinthe de pan, de voir des productions latino-américaines peu distribuées encore dans les réseaux art et essai français, de danser aussi, un peu de salsa, et d'apprécier l'amitié chaleureuse des bénévoles travaillant qu succès de ce festival.
Voici toutes belles émotions qui m'envahissent pendant que j'atterris à Paris, mercredi dernier. Je dois rester à Paris quelques jours, avant de redescendre dans le sud ouest pour une nouvelle présentation de Secretos au Festival cinéma et cultures d'Amérique du Sud de Biarritz, dans le cadre de la rétrospective des prix de l'union latine.
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Pour la première fois, la version longue de "Secretos de lucha" sera diffusée sur la chaîne VOYAGE le samedi 20 septembre 2008 à 20h50, le dimanche 21 septembre 2008 à 13h15 et le mardi 23 septembre 2008 à 00h15. En conséquence, je regarde les critiques des programmes télé, et je tombe sur celle-ci:

CRITIQUE TELERAMA

1T
Documentaire de Maiana Bidegain (France, 2006). 86 mn. Inédit.

La réalisatrice, Maiana Bidegain, est issue d'une famille originaire du Pays basque, partie chercher fortune en Uruguay et qui, dans les années 70, endura plus que d'autres les rigueurs de la dictature, au point de devoir se réfugier dans la vieille Europe. Entreprenant de recueillir les témoignages longtemps tus de son père, de ses oncles et tantes, la jeune femme s'attache à réveiller le souvenir d'une époque révolue et largement ignorée. L'idée ne manquait pas de pertinence.

Traiter la grande histoire par le biais de l'histoire familiale : un moyen efficace de rappeler l'échelle humaine dans une vue plongeante sur le passé, d'y instiller une dose d'affects, de subjectivité. Hélas, un bon projet ne suffit pas à produire un bon film. Ses Secrets de combats achoppent sur l'incapacité de la documentariste à associer étroitement le téléspectateur à sa démarche. La maladresse des reconstitutions, censées traduire visuellement certains faits évoqués, n'étant pas seule en cause. Par trop impersonnelle, sa patte confère au film l'aspect d'un simple reportage, à peine relevé par un commentaire qui dit « je » sans parvenir à l'investir de sentiments authentiques. Demeure l'authenticité des témoignages eux-mêmes. Souvenirs de femmes et d'hommes qui savent ce que « combat » veut dire.

François Ekchajzer

Réaction
Ecrire sur un thème aussi compliqué et difficile que celui d'une histoire familiale douloureuse, dans un cadre historique aussi peu connu que celui de l'Uruguay, le mettre en forme dans un cadre documentaire, essayer d'incorporer des éléments de narrations qui permettront de maintenir l'attention d'un public large tout en suscitant son émotion, être vraie tout au long de cette démarche, c'est ce que j'ai tenté en faisant ce film. En France en particulier, on a souvent questionné mes choix de réalisation, souvent en ce qui concerne l'utilisation de mes scènes de reconstitutions. Ce choix, est un choix personnel, et je reconnais que toutes les reconstitutions n'ont pas forcément la force que j'aurais voulu leur donner, par faute de moyens, et de temps dans le travail avec les acteurs. Cependant je sais que ces mêmes scènes touchent une grande partie du public, peut être ce même public qui hésite à aller voir un documentaire, comme ces jeunes qui sont venus me dire à la fin de la quatrième présentation à l'Atalante à Bayonne, "Nous, on ne voulait pas trop venir, parce que les documentaires, c'est généralement un peu barbant, mais là on n'a pas vu un documentaire, on a vu un film. Et il nous a beaucoup plu." Dans la critique de M. Ekchajzer ce qui me pose problème c'est la certitude, l'imposition de son avis (personnel) et qui me semble erroné de mon "incapacité à associer étroitement le téléspectateur à sa démarche. Par trop impersonnelle, ma patte confère au film l'aspect d'un simple reportage, à peine relevé par un commentaire qui dit « je » sans parvenir à l'investir de sentiments authentiques. " Peut être est-ce le fait de voir le film seul assis tranquillement sur son canapé qui fait cet effet là, mais mon expérience des réactions dans toutes les salles et festivals, de France, Australie, Canada, Mexique, Suisse, Espagne, Uruguay, Nouvelle Zélande et d'ailleurs, est bien différente. Où alors, doit-on expliquer par une sorte d'hystérie collective à répétition ces applaudissements prolongés, ces larmes aux yeux, ces embrassades et ces remerciements de tant de public si différents, comment expliquer le vote du public pour mon film à Pessac (où l'audience n'était absolument pas latino) et à Sydney, et le vote du jury à Biarritz?
Quant au terme Impersonnel, je n'arrive pas vraiment à me l'expliquer. Je suis honnête dans ma démarche, mais ce film n'a jamais été la tentative de raconter ma propre histoire, de me mettre en scène, sinon de mettre en scène la reconquête de cette mémoire familiale, de rapporter le témoignage et le vécu des membres de ma famille. Ma place dans le film est pourtant présente dans chaque séquence de par le même fait de provoquer ce témoignage, par mes questions, et dans mon commentaire, j'exprime les doutes qui ont été les miens tout au cours de la production de ce film, face aux blessures que je pouvais provoquer par la démarche même. Impersonnelle? Je ne comprends pas cette remarque, face à cette séquence qui constitue de l'avis de tous la partie la plus poignante du film, la conversation avec le militaire. Les mots qui reviennent à la bouche de tous mes spectateurs, ce sont ceux de pudeur, de délicatesse, de respect. C'est vrai que je les préfère de beaucoup au commentaire de M. Ekchajzer.
Je me pose la question, M. Ekchajzer a -t'il vu le film dans son intégralité?
Ce qui m'attriste dans cette histoire de critique, c'est qu'elle est lue, et qu'elle conditionne souvent la vision d'un programme par son lecteur, en particulier d'un lectur "averti" comme celui de Télérama. Hors, je ne la trouve pas vraiment juste. Ce qui me donne un goût particulièrement amer, c'est cette petite ligne mise en dessous de la photo du film: décevant.
S'il n'y avait qu'un mot pour décrire mon film, celui-là était-t'il vraiment le mieux choisi?
Une jeune réalisatrice comme moi doit apprendre à essuyer les critiques et les réactions négatives des autres. Mais ces critiques peuvent avoir une lourde responsabilité dans la carrière d'un réalisateur débutant. Je remercie le T attribué par Télérama à Secretos de Lucha, mais quant à moi, je me permettrais juste de dire qu'en ce qui concerne la critique, je la considère... Comment dire? ... Ah oui. Décevante.


Maiana Bidegain

Comments

Anonymous said…
Los Secretos de Lucha

Entrevista a Maiana Bidegain
Antonio Hernández

Dentro la serie de películas presentadas en el Festival de Cine Latinoamericano encontramos el documental Secretos de Lucha, que narra el descubrimiento de sus raíces de esta joven cineasta que la lleva hasta el Uruguay. También refleja la historia del grupo guerrillero los Tupamaros que nació a principios de la mitad del año 1960, a partir de la vinculación de varios grupos dispersos de la izquierda Uruguaya más el aporte y colaboración de varios militantes individuales que se identificaban con la lucha armada.

Este grupo se organizó como respuesta a una serie de incidentes de grupos de izquierda y de ultra derecha. El movimiento Tupamaro tuvo, como otros de su tiempo en varios países de America Latina, una identificación con la revolución cubana que influyó en su camino ideológico y en sus acciones posteriores se organizó como un grupo guerrillero no teniendo en un principio ninguna vinculación con ningún partido político existente.

Hacía 1970 la lucha armada se hizo en mayores proporciones, la policía se ve desbordada. Aunque su accionar estaba enfocado principalmente en la revolución algunos de sus integrantes crearon un brazo político para las elecciones presidenciales de 1971. De 1973 a 1985 los militares detuvieron a los diregentes Tupamaros, éstos fueron recluídos en condiciones infrahumanas de continua tortura, en casi total incomunicación y con amenazas de ejecutarlos. En 1985 retornó de la democracia en el Uruguay y con ello la liberación de los presos políticos.

En el exilio los Tupamaros se mantuvieron expectantes y participaron en las diversas campañas de denuncia contra los militares.

Secretos de Lucha es la historia y el caminar de una joven mujer que se encamina en busca de una memoria de esos acontecimientos dentro de su familia. Acercándose a su padre, tíos y tías recoje testimonios de una vida de lucha contra la opresión legal o clandestinas tratando de entender las razones de silencio de años dentro de su célula social. Majana Bidegain es el nombre de su productora y protagonista de esta historia y estuvo presente en la ciudad de Vancouver y concedió una entrevista a la Vanguardia en el desarrollo del festival.

¿Cuándo desarrollaste tu documental encontraste alguna identidad escondida?

Sí, logré encontrar una identidad Uruguaya, yo crecí y nací en Francia. Los primeros diez años nunca habia ido a este país, lo conocí solamente siendo una adolescente al encontrarme con una familia que yo no conocía. Pero cuando estuve haciendo la película es cuando recobre de verdad la identidad y la herencia de lucha de mis padres. Cuando les hice hablar de aquellos años, de su participación política y dentro del movimiento de los Tupamaros, fue allí donde entendí quiénes eran ellos y lo que había escondido detrás de todos esos años vividos en Francia. Yo creo que recuperé una identidad más completa, no solamente de Franco-Uruguaya también una identidad de lucha social.

¿Tu trabajo puede ser un documento histórico?

Hasta el momento hay muy pocos documentales sobre Uruguay que tocan el tema de la dictadura, documento histórico no sé, puede ser porque trata de una familia de lo más normal y modesta. Es cierto que en mi familia han existido diversas luchas y en ellas representan a miles de uruguayos que tienen sus propias militancias y sus propias creencias.
E l trabajo representa a miles de personas que sintieron la represión. Es histórico a nivel muy simple el documental es de dar la voz a gente que fueron ingnorados a través de los años y a la gente más común que es la que pertece a la historia y la historia nunca se acuerda de ellos.

¿Cómo te marcó personalmente este trabajo?

Aprendí mucho sobre mi persona, aprendí que las cosas muchas veces no pasan como uno quiere y hay que hacer muchísimos sacrificios para avanzar y seguir en la lucha y eso vale, en lo político y social. Por ejemplo, para poder hacer un documental me tocó años y esfuerzos. También entendí mejor la fragilidad de los seres humanos, pienso que al saber que uno es frágil da una gran fuerza, es como que uno pierde la ingenuidad de la juventud y que piensa que todo es posible, pero para llevarlo a cabo me llevará esfuerzo, la experiencia de la película es saber que dentro del camino hay muchos obstáculos.

¿La gente que da sus testimonios tiene peligro al regresar a Uruguay?

Yo pienso que no, en este momento la democracia Uruguaya es lo bastante fuerte como para permitir un diálogo. En el documental traté de investigar y ver si podía a ver un riesgo para las personas con que trabajé y en el poder judicial no encontré nada, pero siguen habiendo declaraciones de militares que siguen negando lo malo que fue la dictadura en Uruguay.

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